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Besoins de recrutement dans le BTP : des freins à lever

Publié le 12 novembre 2021

Avec 1,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le BTP est la première force économique du territoire dans la Loire. Il emploie 15 500 salariés et représente 5 500 entreprises de toutes tailles.

Celles-ci ont su très largement maintenir, voire augmenter leur activité ces derniers mois, pendant la crise du Covid. Et non seulement les entreprises du secteur ont préservé l’emploi, mais elles continuent à avoir de forts besoins en recrutement pour accompagner cette activité. Le BTP, comme d’autres secteurs industriels, souffre en parallèle d’un déficit d’attractivité.

Ces besoins sont évidemment freinés par une pénurie de candidats qualifiés, ou parfois par une lourdeur administrative entravant les efforts des dirigeants en la matière. Dans la Loire, chaque année, ce sont à minima 300 postes et jusqu’à 600 en période de pleine activité à pourvoir en maçonnerie gros-œuvre, bois, métallerie, génie climatique, électricité, aménagement-finitions, travaux publics, etc.

Former pour mieux recruter dans le BTP

La formation est une des réponses à ces problématiques de recrutement, même si elle est insuffisante. Les mesures gouvernementales, encourageant l’apprentissage avec des primes de 5 000 euros pour les apprentis mineurs et 8 000 euros pour les apprentis majeurs, ont favorisé les recrutements. Mais cela reste insuffisant pour répondre de manière durable aux besoins constants dans le bâtiment, car on constate aussi une pénurie d’apprentis ou de candidats plus âgés prêts à s’engager et à se former dans nos métiers.

A lire aussi : Recrutement dans le BTP : une pré-qualification pour accéder à un emploi durable grâce au CARED

Des lourdeurs administratives
qui entravent le recrutement et l’efficacité opérationnelle

Mais l’enjeu pour le Geiq est aussi de trouver des profils adaptés aux besoins, et investis dans leurs missions. Dans de plus en plus de cas, des étrangers sont prêts à travailler et répondent souvent aux prérequis. Mais les employeurs potentiels sont régulièrement découragés par la lourdeur administrative. Certains pourtant, accompagnent eux-mêmes les démarches de leurs salariés. Qu’ils soient apprentis, ou en contrat de professionnalisation, cela permet d’accélérer les délais d’obtention du titre de travail et ainsi de faciliter l’intégration par la pérennisation des apprentissages au sein de leur structure.

Insertion par la qualification – les alternants couvreurs zingueurs de Geiq BTP 42 – session 2021-2022. Ils sont syrien, malien, ivoirien, guinéen, nigérian, français, travaillent dans les entreprises de La Loire et donnent entière satisfaction

C’est le cas de Cyrille BRUN, dirigeant de l’entreprise Point Sols à Villars, qui a accueilli en stage, un jeune albanais, Sélim ISTREFI, encore mineur. Candidat hors pair par son autonomie, sa capacité de prise d’initiatives, sa motivation, son sérieux et la qualité de son travail, le dirigeant souhaite l’embaucher en apprentissage. Mais devenu majeur entre-temps, Sélim est alors en situation irrégulière et le contrat d’apprentissage doit être annulé.

Pour poursuivre son apprentissage après sa majorité, il doit obtenir un acte de naissance en Albanie. Il part donc durant plus de 6 mois dans son pays, perd 1 an de scolarité et de formation chez Point Sols, avant de revenir avec le sésame qui permet… seulement d’engager les démarches en France.

Quelques mois plus tard, concerné par les difficultés de son futur apprenti, et impatient de pouvoir l’intégrer dans ses effectifs, Cyrille BRUN décide de l’accompagner en rendez-vous à la Préfecture, puis d’écrire directement au Préfet pour lui exposer la situation.
Une action énergivore mais gagnante qui dénoue le problème. La situation de Sélim ISTREFI est régularisée et il peut poursuivre sa formation en alternance, dans laquelle il se révèle.

Très doué dans son domaine, à 26 ans, il est aujourd’hui un élément précieux de l’équipe de Point Sols. Cyrille BRUN explique :

« Je me suis battu pour lui car c’est quelqu’un de très sérieux, irréprochable, il travaille très intelligemment et possède une mentalité très positive et très saine. Je n’avais jamais rencontré un profil comme le sien auparavant. Il se sent bien dans l’entreprise et gagne en responsabilités : il est récemment devenu tuteur d’un jeune – étranger lui aussi, mis à disposition par le Geiq en formation solier moquettiste chez les Compagnons du Devoir. »

Cyrille BRUN, dirigeant de l’entreprise Point Sols

Recrutement de travailleurs étrangers dans le BTP :
une vraie solution, mais des démarches longues et coûteuses

Dans les métiers du BTP, il est souvent difficile d’anticiper précisément les besoins, et l’activité peut être plus ou moins forte en fonction de l’avancement des chantiers. Les difficultés en recrutement, la pénurie de qualification, et cette lenteur administrative lorsqu’il y aurait des opportunités d’embauche sont un vrai casse-tête pour les entrepreneurs du secteur. Et si les entreprises du BTP, sont prêtes à recruter un contingent significatif d’étrangers, c’est avant tout parce qu’elles ne trouvent pas suffisamment de nationaux et que nombre des migrants économiques ou demandeurs d’asile possèdent de vraies compétences et les savoirs-êtres nécessaires à une insertion durable !

Gilles Béal, dirigeant de l’entreprise Béal Menuiserie à Saint-Priest-en-Jarez est convaincu que l’entreprise a un rôle social à jouer. En tant qu’employeur, et à la tête d’une trentaine de salariés, il mise sur la formation et l’apprentissage qui font partie de la culture de l’entreprise. Depuis 30 ans, il intègre en permanence des apprentis dans l’entreprise. Et dans ce cadre, il lui arrive d’accueillir des jeunes en difficultés, qui peuvent être des primo-arrivants, souvent avec un parcours chaotique, ne parlant pas forcément français, et sans cadre ou guide. Ces jeunes représentent l’offre, mais il est souvent difficile de la faire coïncider avec la demande ; car les entreprises n’ont pas toujours autant d’énergie à mettre dans des démarches administratives chronophages.

« Ces jeunes arrivent avec des difficultés importantes. Mon vœu serait que plutôt que d’ajouter de nouvelles difficultés, on puisse leur apporter plus de fluidité dans leurs démarches, faciliter leur vie et leur intégration grâce au travail. D’ailleurs le Geiq aide à améliorer l’ordinaire, et apporte un cadre à ces jeunes en difficultés, qui ne demandent qu’une chose : travailler. »

Gilles BEAL, dirigeant de l’entreprise Béal Menuiserie

Pierre ALEXANDRE, conseiller en insertion professionnelle au CHRS déplore la situation : « Tout est fait pour décourager les entreprises d’embaucher des travailleurs étrangers. En plus de l’aspect administratif pesant, le chef d’entreprise doit faire face à l’interdiction de travailler du salarié lors de la période d’étude du dossier (de l’ordre de 3 mois). Elles doivent enfin s’acquitter d’une taxe à l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) de l’ordre de 800 à 1000 € par embauche. »
« Et ça n’est pas qu'une question de coût, rappelle Manuel COLOMBINO directeur de Geiq BTP 42, les entreprises et les employeurs sont prêts à acquitter la taxe, mais c’est surtout le temps et le délai que demandent les démarches et enfin l’absence d’interlocuteur qui complexifient le processus. Depuis début 2021, tout se fait sur une plateforme en ligne et vous n’avez personne avec qui échanger et préciser la situation ! »

Les étrangers arrivés mineurs en France, et qui ne sont pas réfugiés, peuvent à leur majorité obtenir une carte d’étudiant. Mais cette carte, ne leur permet pas de travailler, ni de bénéficier des droits au chômage. Lorsqu’ils trouvent du travail, ils doivent changer de statut et peuvent prétendre, en justifiant entre autres d’un contrat de travail en CDD ou CDI, à une carte de travail délivrée pour la durée du CDD, de 2 ans, 4 ans ou 10 ans dans le cas d’une embauche en CDI.